Titi le stagiaire sympa vous présente la critique du film A Ghost Story
Synopsis
A Ghost Story raconte l’histoire d’un couple (interprété par Casey Affleck et Rooney Mara). L’homme décède dans un accident de voiture juste devant chez lui. Il revient dans sa maison, sous la forme d’un fantôme affublé d’un drap blanc, pour revoir sa femme. Il hante alors les lieux et voit le monde changer autour de lui.
Grosse ambiance donc.
La critique.
La critique à un peu de retard, c’est vrai (le film est sorti en décembre 2017). Mais elle me tenait à cœur, et il m’a fallu longtemps pour savoir quoi penser de ce film.
D’abord, juste après le visionnage ; J’ai trouvé le film magnifique tant par son esthétique à la fois simple et léchée que par son histoire touchante. Et puis j’y ai pensé les jours et le semaines qui suivirent. J’aimais ce que j’avais regardé mais je ne voulais pas le regarder à nouveau. Étrange donc. Étrange comme ce film, où le fantôme est un homme sous un drap blanc, dans sa plus simple représentation, presque enfantine. Pourtant, on devine toute la solitude de cet homme qui hante sa veuve d’abord, puis les habitants successifs de l’endroit où il se trouve.
Et puis je n’y ai plus pensé.
Poésie des images
A Ghost Story est pourtant une petite pépite visuelle et scénaristique. Un film de fantôme qui n’est ni un film d’horreur (quoique l’horreur est juste une réalité ici, c’est un état de fait, l’homme se rend compte qu’il est mort) ou d’épouvante, ni une comédie. Non, c’est un drame intime, une mise en image du deuil de la vie, et de la solitude. Solitude exacerbée par les plans fixes tirant en longueur, mais transcendant l’ennui. Aussi, la palette de couleur, toute en nuances douces et mélancoliques, offre au film son atmosphère si particulière, tout passe par le visuel.
Poésie du Silence
En effet le film est quasiment muet, si ce n’est des bribes de conversations de la vie d’un couple : des disputes à voix basse, des non-dits que l’on regrette de n’avoir jamais énoncé, puisqu’au final il est trop tard, pour l’homme comme pour la femme. Intenable affliction donc, la femme, effondrée par le chagrin, et l’homme présent mais invisible et impuissant. Cependant, le monologue d’un personnage, un anonyme, sur le transitoire de l’existence et des souvenir parvient à offrir au film toute sa profondeur qui n’est alors plus seulement visuelle, le monologue de treize minutes tient alors sur ses épaules 1h32 de film, il est alors le commentaire, la thèse de l’image.
Ainsi, David Lowery maîtrise une poésie du silence, une virtuosité de l’immobilité. Rooney Mara, de son charme solaire offre une prestation toute en nuance, et Casey Affleck, bien que dissimilé sous un drap blanc, réussit à transmettre des vagues d’émotions, peut-être primitives, mais des émotions vraies. Le tout porté par une musique posée là comme accueillit qui confère à ce film toute son ambiance lunaire et crépusculaire.
Et puis le film m’est revenu comme une claque.
Enfin, bien qu’étant un film sur le deuil, l’amour et la solitude, c’est aussi un film sur l’inexorabilité du temps qui passe, et l’impossibilité d’y faire quelque chose. C’est pour ça, pour ces raisons que j’ai trouvé A Ghost Story à la fois dur et magnifique. Il est comme le deuil, très présent, puis il s’efface, et un jour il vous revient. Vous l’avez aimé, mais vous ne voulez plus le revoir, parce que vous avez peur d’avoir mal à nouveau.